Militant turc à bord du navire humanitaire à destination de Gaza : « Nous gardons espoir d'entrer à Gaza »
- « Il ne nous reste plus beaucoup de chemin à parcourir. Ce sont des heures critiques. Nous serons à Gaza demain, pour autant que nous ne rencontrions aucun obstacle », déclare à Anadolu Huseyin Suayb, membre de l'équipage du « Madleen »

Istanbul
AA / Istanbul / Muhammet Tarhan et Seda Sevencan
L'activiste turc Huseyin Suayb, membre de l'équipage du navire « Madleen » faisant route vers Gaza dans le cadre de la Flottille de la liberté, a déclaré que l'équipage gardait espoir d'atteindre le territoire assiégé malgré une éventuelle intervention israélienne.
Ayant vécu quatre ans en Allemagne, Suayb, qui a rejoint la flottille depuis ce pays, a déclaré à Anadolu via Zoom : « Notre traversée nous mène directement à Gaza. Nous continuons à faire route vers Gaza. Il ne nous reste plus beaucoup de chemin à parcourir. Ce sont des heures critiques. Si Dieu le veut, nous serons à Gaza demain, pour autant que nous ne rencontrions aucun obstacle. »
Le navire de 18 mètres a quitté le port italien de San Giovanni Li Cuti à Catane le 1er juin et se trouve actuellement à environ 310 kilomètres des côtes de la Bande de Gaza, selon Suayb.
La flottille vise à briser le blocus israélien et à acheminer de l'aide humanitaire aux Palestiniens de l'enclave, où les conditions se sont fortement détériorées en raison des opérations militaires israéliennes en cours.
« Le moral est généralement bon. Nous ne pensons pas trop à ce qui pourrait nous arriver », a-t-il déclaré, ajoutant : « Nous gardons l'espoir d'entrer à Gaza. »
Israël a averti qu'il arrêterait et expulserait les personnes embarquées à bord du navire. Suayb a critiqué ces menaces, déclarant : « Nous n'avons pas entrepris ce voyage pour être expulsés. »
Il a ajouté qu'ils espéraient que le monde réagirait et imposerait de véritables sanctions à Israël, que leur mission pourrait contribuer à lever le blocus, ajoutant : « Mais nous entrons maintenant dans la dernière journée. Il semble qu'ils (Israël) vont une fois de plus agir illégalement. »
** « Nous sommes des militants pacifiques »
Lorsqu'on lui a rappelé les pertes humaines subies lors des précédentes tentatives d'aide humanitaire, Suayb a souligné qu'ils menaient une mission pacifique, déclarant : « Ils peuvent nous attaquer à nouveau, nous menacer ou recourir à la violence physique. Ils peuvent s'en prendre à nos vies, mais comme vous le savez, nous avons déjà vécu cela auparavant. Même le moindre réflexe d'autodéfense est qualifié d'arme, de terrorisme. Nous sommes des militants totalement pacifiques. Aucun d'entre nous ne sait se battre ou utiliser une arme. Nous ne représentons aucune menace. »
Il a souligné que, malgré leur mission pacifique, ils étaient traités comme des terroristes, déclarant : « Tout cela n'est que manipulation et désinformation. Ils connaissent parfaitement la vérité. Nous ne ferons aucune réaction. »
** « Nous nous préparons et nous entraînons à ne montrer aucune réaction défensive »
Il a expliqué qu'ils étaient formés sur le navire à éviter toute forme d'autodéfense, déclarant : « Même s'ils nous frappent, nous nous préparons et nous entraînons à ne montrer aucun réflexe défensif. Nous n'avons aucune intention de riposter, même pas par un regard, un geste ou un sourire. Nous faisons tout notre possible pour les empêcher de nous attaquer et pour ne leur laisser aucun prétexte ni aucune justification. »
Notant que les autorités israéliennes ne les ont pas contactés directement, Suayb a ajouté : « Ils ne communiquent pas directement avec nous, mais nous sommes informés des développements par leurs médias et savons qu'ils surveillent la situation. »
** Aide symbolique
Expliquant que l'aide transportée à bord du Madleen est symbolique, il a déclaré : « Chaque fois que nous partons, nous apportons de l'aide en fonction de la capacité de transport de notre navire. Bien sûr, nous ne sommes pas en mesure de fournir une aide suffisante pour panser complètement les blessures de la population de Gaza, qui compte 1,5 million d'habitants. »
Soulignant que ce voyage n'est pas seulement une opération de secours, il a ajouté : « Nous pouvons donc parler d'aide symbolique, mais l'objectif principal de notre mission est de briser le blocus de Gaza. »
Mettant en avant le fait que les camions d'aide humanitaire sont bloqués par Israël depuis des mois aux points de passage frontaliers de Gaza, il a poursuivi : « (L'aide) ne peut pas entrer par la frontière. Comme elle est empêchée par le blocus israélien, les personnes qui en ont besoin meurent — brûlées, affamées et sous les bombardements. Notre objectif est de mettre fin à ce blocus, de permettre à l'aide réelle qui attend à la frontière d'entrer dès que possible, de parvenir à un cessez-le-feu et à l'arrêt des bombardements. »
Interrogé sur le message qu'il souhaitait adresser à la population de Gaza, Suayb, ému, a déclaré : « Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir. J'aimerais pouvoir entrer (à Gaza), mais nous en serons probablement empêchés. Je le regrette profondément, mais notre entrée n'est pas ce qui importe. J'espère que cela permettra de briser le blocus et de mettre fin au génocide. »
** Visite du navire
Suayb a expliqué que la capacité du Madleen était assez limitée, ajoutant que le navire était prévu pour transporter un équipage de 12 personnes.
Au cours de l'interview, Suayb a fait visiter virtuellement le navire à Anadolu via Zoom, montrant son chargement d'aides et les conditions à bord.
Il a déclaré qu'ils avaient utilisé l'eau avec beaucoup de parcimonie tout au long du voyage.
« Nous lavons nos vêtements avec de l'eau de mer. Comme notre réserve d'eau douce s'est réduite, nous prenons des douches en puisant de l'eau de mer avec un seau. Bien sûr, nous avons encore de l'eau potable, mais nous lavons également la vaisselle avec de l'eau de mer à l'aide de seaux, car nous devons être prudents. Nous ne savons pas combien de temps nous resterons ici, ni ce qui peut arriver. À l'heure actuelle, il nous reste environ 20 % de notre réserve d'eau, nous l'utilisons donc de manière prudente. »
En ce qui concerne les réserves alimentaires, il a confirmé : « Nous avons suffisamment de nourriture. Le réservoir d'eau potable est petit ; il peut répondre aux besoins de 12 personnes pendant six jours maximum, il a donc diminué. »
** « J'invite les gens à être plus conscients »
« J'appelle les gens à être plus conscients. Tout au long de l'histoire, il y a eu partout dans le monde de mauvais gouvernements et des régimes oppressifs. Malheureusement, l'oppression a toujours persisté, se déplaçant d'un endroit à l'autre », a-t-il déclaré, soulignant que cette situation ne peut prendre fin que grâce aux efforts conjoints des peuples.
« Nous avons tiré de grandes leçons des atrocités commises par les nazis. Nous avons mis en place des solutions et des systèmes pour empêcher que de telles horreurs ne se reproduisent. Mais malheureusement, cela se reproduit aujourd'hui parce que les règles que nous avons établies n'ont pas été respectées », a ajouté Suayb.
« Une injustice ou une oppression qui se produit ailleurs aujourd'hui pourrait se produire demain sur notre territoire et affecter nos enfants. Notre silence aujourd'hui conduira au silence des autres face à l'injustice à laquelle nous pourrions être confrontés demain », a-t-il souligné.
* Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj
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