Myanmar : la junte rejette une résolution de l’ONU sur le travail, dénonçant une décision « politisée »
- Le ministère du Travail birman a dénoncé une résolution de l’ONU comme « politisée » et sans impact sur l’économie nationale

Istanbul
AA / Istanbul / Saadet Gokce
La junte militaire du Myanmar a vivement critiqué samedi une résolution adoptée par les Nations unies l’accusant de recours au travail forcé et d’autres violations des droits des travailleurs, qualifiant la décision de « politisée ».
Dans un communiqué, le ministère du Travail a affirmé que cette décision « politiquement motivée » n’aurait « aucun effet » sur les employeurs, les travailleurs ni les entreprises opérant dans le pays.
L’Organisation internationale du travail (OIT), agence spécialisée de l’ONU, a invoqué jeudi l’article 33 de sa Constitution lors de sa 113e session à Genève – une mesure exceptionnelle prise pour la troisième fois de son histoire.
Selon la Confédération syndicale internationale-Asie Pacifique (CSI-AP), cet article avait été utilisé pour la première fois en 2000 contre le Myanmar, puis en 2023 contre le Bélarus.
La résolution appelle les gouvernements, les employeurs et les travailleurs – membres de l’OIT – à « prendre les mesures appropriées pour s’assurer que leurs relations n’encouragent ni ne facilitent les violations des droits fondamentaux, notamment la liberté syndicale et le recours au travail forcé » dans leurs interactions avec les autorités militaires birmanes.
Plus précisément, le texte demande une réévaluation complète de toute relation pouvant « contribuer à la perpétuation de violences, d’actes de répression ou d’intimidation à l’encontre des travailleurs et employeurs exerçant pacifiquement leurs droits fondamentaux », y compris via la fourniture d’équipements militaires, de carburant pour avions ou de flux financiers vers la junte.
L’OIT appelle également les entités concernées à signaler toute activité qui, dans le cadre de leurs fonctions, pourrait « directement ou indirectement faciliter le travail forcé ou violer la liberté d’association dans le pays ».
Dans le même temps, le Gouvernement d’unité nationale – exécutif en exil du Myanmar – a salué la décision, la qualifiant de victoire.
« Cette décision de l’OIT est une victoire pour le peuple du Myanmar, fruit d’années de résistance face aux balles de l’armée, à l’oppression, aux violences sexuelles contre les femmes, et aux bombardements visant des civils et des écoles. Elle dévoile aussi au monde entier les actes terroristes commis par la junte militaire », a déclaré le gouvernement en exil dans un communiqué.
* Traduit de l'Anglais par Adama Bamba